vendredi 8 mai 2015

bons soins ou erreur médicale?

Un de mes nonagénaire a contracté la grippe il y a trois mois. A la prise de sang, la VS, la CRP étaient augmentés. Ma remplaçante a prescrit un antibiotique, moi deux autres à la file. la fièvre ne baissait pas, il maigrissait un peu, mais peu asthénique. Puis j'ai demandé une radio pulmonaire. Puis une heure après, m'inquiétant quand même alors que la radio n'avait pas été effectuée , j'ai conseillé un passage aux urgences.
Et là le diagnostic est tombé: surinfection pulmonaire sur cancer bronchique, à traiter selon l'âge, c'est à dire, en informer la famille et croiser les doigts que ce sympathique patient ne meure pas trop vite. 

Durant trois semaines, je me suis demandée si j'avais trop tardé, s'il y avait une erreur médicale et si la famille n'allait pas me jeter des tomates ou pire, en me reprochant  de n'avoir pas bien soigner leur papy. L'hôpital en a rajouté une couche "pourquoi n'êtes-vous pas venu plus tôt? Que fait donc votre généraliste?"

En effet je n'ai pas hospitalisé mon gentil patient car les séjours à l'hôpital sont très stressants à son âge, les constantes étaient bonnes, il était encore debout entouré de toute sa famille. Maintenant il a un cancer, il le sait; je lui ai présenté ça comme "une cochonnerie dans les poumons" mais ça ne change pas sa vie. 

Comme quoi la frontière entre les bons soins et l'erreur médicale n'est pas franche et définie. 


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