dimanche 30 août 2015

Un délinquant statistique

Trois médecins de Montataire, sur cinq en activité, ont été épinglés, ces derniers mois, par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de l'Oise, selon le sénateur-maire (PCF) de la commune, Jean-Pierre Bosino. La raison : ils prescrivent trop, notamment trop d'arrêts de travail.

« On ne cherche pas à nous comprendre »

Elle leur demande de réduire la cadence sous peine de sanctions. Pour l'élu -- qui s'est fendu d'une lettre exaspérée au directeur de la CPAM, Marc-André Azam -- cette politique met en danger des territoires déjà fragiles. « Cela tourne au harcèlement, et l'un de nos médecins a failli démissionner pour cela alors que nous bataillons, notamment avec la future maison desanté, pour faire le contraire : attirer des médecins et inverser la tendance actuelle de désertification médicale ! »

Installé dans le quartier populaire des Martinets depuis trente-sept ans, le docteur Michel Artigues fait partie des cibles. En juin dernier, la Sécurité sociale lui a écrit pour signaler qu'il avait franchi la ligne rouge : 4 948 jours d'arrêt de travail prescrits sur quatre mois, entre septembre 2013 et janvier 2014. C'est beaucoup plus que la moyenne régionale (1 363 jours d'arrêt de travail par médecin sur la même période) et... trop pour la CPAM. Pour échapper à la punition, une seule option : il devait diminuer son quota de 13,7 %. Le généraliste de 63 ans a refusé cette politique du chiffre. Aujourd'hui, il fait l'objet d'une mise sous accord préalable des prescripteurs excessifs d'arrêts de travail (MSAP). Concrètement, « il doit obtenir l'autorisation de l'Assurance maladie avant chaque nouvelle prescription d'arrêt de travail », explique la CPAM sur son site. Pour le reste, l'organisme n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Fin février, le médecin de Montataire a perdu un recours qu'il avait intenté devant le Conseil d'Etat pour connaître le détail de ces 4 948 arrêts de travail. Pour lui, ils étaient tous justifiés, et il demandait que la CPAM lui prouve le contraire. Un tel chiffre, c'était la première fois en trente-sept ans de carrière. Convoqué devant la commission de la CPAM de Beauvais en novembre dernier, il a énuméré ses arguments, notamment un nombre de patients en hausse et plus élevé que la moyenne. Départ à la retraite, ras-le-bol, voire burn-out, cinq médecins de Montataire -- sur les dix qui exerçaient alors -- sont partis ces quatre dernières années. « J'ai accepté de prendre leurs patients : 1 500 personnes en plus ! Les autres cabinets ont refusé. Alors, évidemment, je prescris plus. Je voulais croire que la vocation d'un médecin était d'aider les autres. J'ai eu tort, j'aurais dû me protéger plus. »

Autre réalité du terrain que les chiffres ne disent pas : il y a plus d'arrêts de travail chez les ouvriers -- la majorité des habitants de Montataire -- que chez les cadres. « J'ai la réputation d'être strict sur ce sujet, mais je rencontre aussi plus de pathologies que la moyenne, liées à des conditions de travail difficiles. En France, un médecin compte parmi ses patients 15 hernies : j'en ai 165 ! »
http://www.leparisien.fr/espace-premium/oise-60/trop-d-arrets-de-travail-a-montataire-pour-la-secu-19-03-2015-4615755.php

Oh le méchant coupable, il mérite d'être montré du doigt, mis au pilori, celui qui creuse le trou de la Sécurité Sociale à presque lui tout seul! Quel honte, toute l'opprobre est jetée sur la profession, odieux crime statistique!!!   Napoléon n'avait pas noté  ce délit dans son code civil, normal, on est plus évolué à présent. Et on a sûrement plus de neurones grâce à internet et aux jeux vidéo et à la mondialisation....

Je suis tout aussi coupable.

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