vendredi 29 janvier 2016

J+24 J+25

Un  chirurgien s'est planté dans son intervention: mon patient n'avait qu'une péridurale pour une prothèse de hanche, et alors qu'il se reposait avec l'anesthésiste à ses côté, il a entendu "M! je me suis trompé de prothèse!" S'en est ensuivi une série de catastrophes, en avalanche littéralement, on a changé la prothèse dans un autre hôpital, il se trouve qu'elle était défectueuse etc. 
Le patient a perdu son travail, son autonomie, ses loisirs  et sa joie de vivre. Et il prend des antalgiques en permanence. 

Alors il est allé voir de lui-même un médecin de victime, une association qui puisse l'aider dans sa démarche de réparation juridique. Je n'avais pas alors mon diplôme et ce n'était même pas mon patient.

Il revient ce jour pour que je fasse un certificat; il doit le donner à son avocat afin de porter plainte.
" je vous fais un certificat de consolidation monsieur.
- Mais je ne suis pas guéri, j'ai mal!
- Oui mais la consolidation c'est  « le moment où les lésions se fixent et prennent un caractère permanent tel qu'un traitement n'est plus nécessaire, si ce n'est pour éviter une aggravation et qu'il est possible d'apprécier un certain degré d'incapacité permanente réalisant un préjudice définitif. »
-OK, faites-le.
- vous allez seul en CRCI? (commission régionale de conciliation et d'indemnisation) 
-Oui
- Mais votre médecin de recours? 
- Non, le médecin est coupable, l'hôpital aussi, je souffre comme un damné, et il y a une erreur médicale. Je peux me débrouiller;
- Je ne suis pas sûre monsieur, vous allez à l'abattoir si vous y allez seul. Mais je ne peux pas vous aider, je ne fais aucun dossier d'erreur médicale à moins de 40 km, il faut me comprendre."

Pourquoi se faire accompagner? Parce que le langage médico-juridique est obscure, parce que les expertises sont rapides (même si elles durent parfois deux heures c'est rapide pour faire le tour d'une histoire complexe) et que le patient perd parfois ses moyens. Et en plus les médecins de victimes sont remboursés, pourquoi se priver?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire