jeudi 7 juillet 2016

bilan de médecin contrôle

Bilan de mes contrôles d'arrêts de travail:

- un travailleur qui est en accident de travail depuis quatre ans, je viens chez lui deux fois de suite, la première fois  à l'improviste, la deuxième fois en ayant prévenu: il n'est pas là car il rentre vers 20h30,  tous les soirs de la semaine, dixit son frère au domicile.  Chacun en tirera les conclusions.

- Un autre en arrêt tout bête durant une semaine, comme il a des heures de présence obligatoire je cogne à 10h du matin: personne. Dommage pour lui.

- Une femme en dépression qui fait un travail difficile psychologiquement: elle m'a accueillie très gentiment, et s'est juré de dire son fait à son employeur quand elle y retournerait.

- Une proche de la retraite qui fait aussi un travail physique, qui a une sciatique cognée. Point n'est besoin d'être un grand médecin pour voir sa démarche et ses radios  (une plaque dans la colonne).

Bizarre ce travail, on voit tout et n'importe quoi, du fraudeur patenté au patient de bonne foi qui voudrait bien mais qui ne peut pas.



samedi 2 juillet 2016

Il est trop facile de tuer

Il y a plusieurs façons de tuer; avec des armes,  à mains nues, ou tout bonnement avec un stylo et des ordonnances, de simples bouts de papiers.
C'est terrible quand on y pense, c'est tellement facile d'écrire un nom, une posologie, le nombres de jours prescrits, et puis si on n'est pas tout à fait fier de son fait, on tente de ne plus y penser, on dit que demain sera un autre jour, que ça ira mieux, que la patiente n'aura pas trop d'effets secondaires néfastes. 

On se persuade qu'on a la conscience tranquille, on se regarde dans la glace, on n'a pas changé, tel Dorian Gray qui restait toujours jeune et magnifique  ( sauf sur le  tableau qui le représentait).

Une erreur médicale c'est trop facile, on a tellement de patients parfois qu'elle passe inaperçue, toute petite... mais avec tellement de conséquences. 

Un exemple tout bête: un médecin prescrit la pilule  à une jeune femme. Quelques temps après elle revient en se plaignant d'angoisses qui l’empêchent de respirer convenablement à fond. 
Ce n'est pas grave, le prescription d'un petit Lexomil arrangera tout. 

Mais la patiente meurt quelques temps après d'une embolie pulmonaire massive favorisée par sa pilule contraceptive.

N'est-ce pas tout simple? Deux  prescriptions, une morte. 

Pendant quelques années de remplacement je crevais de trouille à l'idée de pouvoir provoquer un décès aussi facilement. Les années ont passé mais ma surveillance ne s'est pas relâchée, le petite appréhension lors de la rédaction d'une ordonnance est toujours présente... jusqu'au 31 décembre.  


C'est quand même beaucoup de responsabilités et cela peut rebuter certains de s'installer comme médecin généraliste.